QU’EST-CE QU’UN MOUVEMENT LITTÉRAIRE ET CULTUREL ?

Publié le jeudi 22 octobre 2015 16:30 - Mis à jour le jeudi 22 octobre 2015 17:07

 

Un mouvement s’inscrit dans une période déterminée : il est lié à une époque et à des circonstances historiques particulières.

Ex. Le mouvement des Lumières est lié à l’expansion des sciences et des techniques au XVIIIe siècle / Le romantisme apparaît au début du XIXe siècle, au lendemain de la Révolution française et du premier Empire.

Bien qu’un mouvement soit lié à un contexte historique précis, il reste difficile de déterminer ses limites temporelles car il est souvent le fruit d’une longue maturation et ne s’achève pas brutalement à une date précise.

Ex. Dès la fin du XVIIe siècle, des écrivains comme Bayle ou Fontenelle manifestent des préoccupations très proches de celles des philosophes des Lumières liés au XVIIIe siècle : c’est pourquoi ils sont considérés comme des précurseurs du siècle des Lumières.

 

Un mouvement peut rassembler des artistes différents dans leurs moyens d’expression mais unis autour d’une recherche commune : ils partagent les mêmes préoccupations, les mêmes interrogations, les mêmes aspirations, une même conception du monde.

Ex.  Les écrivains Hugo, Lamartine, Musset, le peintre Eugène Delacroix, le compositeur et interprète Frédéric Chopin appartiennent au mouvement romantique  / Le surréalisme s’exprime aussi bien dans la poésie de André Breton, Paul Éluard, Robert Desnos, que dans la peinture de Salvador Dali ou dans les films de Luis Buñuel.

Les artistes sont aussi souvent de pays différents et s’influencent mutuellement.

Ex. L’humanisme réunit le Hollandais Erasme, l’Anglais Thomas More, les Français Rabelais ou Montaigne  / Le romantisme est né en Allemagne et en Grande-Bretagne avant de gagner la France, puis l’Europe.

 

Certains mouvements se revendiquent comme tels et se constituent en « écoles », autour d’un chef de file qui devient le symbole de ce mouvement.

Ex. Au XVIe siècle, Ronsard et Du Bellay rassemblent autour d’eux le groupe des poètes de La Pléiade  / Au XIXe siècle, Victor Hugo prend la tête du mouvement romantique en France/  Emile Zola est le fondateur du naturalisme.

Dans d’autres cas, la dénomination du mouvement est adoptée par des critiques ou des historiens.

Ex. Les termes de « classicisme » et de « baroque » utilisés pour caractériser des mouvements du XVIIe siècle sont forgés au XIXe siècle  / Les romans de Stendhal, généralement associés au réalisme, expriment également des aspirations relevant du romantisme.

 

Un mouvement littéraire se reconnaît à des thèmes récurrents.

Ex. Le culte de l’Antiquité chez les poètes de La Pléiade au XVIe siècle / La lutte contre les préjugés et l’intolérance chez les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle / Les thèmes lyriques comme la mélancolie, l’amour chez les romantiques au XIXe siècle.

Il se reconnaît aussi à des modes d’écriture spécifiques et à des formes littéraires privilégiées.

Ex. La tragédie pour le classicisme du XVIIe siècle / Le conte philosophique pour les écrivains des Lumières au XVIIIe siècle.

Certaines œuvres deviennent emblématiques du mouvement.

Ex. La représentation du drame de Victor Hugo, Hernani, qui mettait en œuvre de nouvelles règles d’écriture théâtrale, provoqua en 1830 une véritable bataille entre les romantiques et leurs détracteurs.

Parfois le mouvement incarne ses valeurs dans une figure emblématique.

 Ex. Le classicisme et « l’honnête homme », les Lumières et la figure idéale du philosophe guidé par la raison, le héros mélancolique et révolté des romantiques.

 

Pour certains mouvements, des textes théoriques exposent les principes qui guident l’élaboration des œuvres : ce sont des manifestes, des essais, des préfaces, des « arts poétiques »…

Ex. Victor Hugo définit le drame romantique dans la préface de Cromwell (1827) / Paul Verlaine propose un « Art poétique » pour la poésie symboliste dans son recueil Jadis et Naguère (1884) / André Breton écrit le Manifeste du surréalisme (1924).

Souvent les mouvements se construisent par opposition les uns aux autres : en général, ils critiquent les faiblesses des mouvements précédents pour en prendre le contre-pied.

Ex. Les romantiques, en se référant à la poésie médiévale et au théâtre shakespearien, s’opposent aux exigences de la doctrine classique.

Parfois un mouvement littéraire est l’héritier de mouvements antérieurs, que la filiation soit affirmée ou implicite.

Ex. Les philosophes des Lumières peuvent apparaître comme les héritiers des humanistes du XVIe siècle : en effet, à deux siècles d’intervalle, Montaigne et Voltaire dénoncent la cruauté et l’absurdité de la torture.

 

Un artiste n’est pas seulement le représentant d’un mouvement particulier : il garde son individualité propre qui lui fait aborder sur un mode original les préoccupations collectives. Certains écrivains d’ailleurs refusent d’être rattachés à un mouvement, jugeant que leur travail dépasse les cadres fixés par ce mouvement ou parce qu’ils associent dans leurs œuvres des préoccupations se référant à des mouvements en apparence différents.  

 Ex. Flaubert et  Maupassant, considérés comme des écrivains réalistes par leurs  thèmes et leur écriture, ne se voulaient d’aucune école / Les romans de Stendhal, généralement associés au réalisme, expriment également des aspirations relevant du romantisme.

 

Un mouvement littéraire trouve des prolongements dans le temps. Certains écrivains se réclament a posteriori d’un mouvement que l’on pouvait croire révolu.

Ex. Au XXe siècle, un romancier comme André Gide ou un poète comme Francis Ponge affirment leur attachement à l’écriture classique du XVIIe siècle.

Les termes utilisés pour nommer les mouvements passent souvent dans la langue usuelle pour désigner une attitude, un trait de caractère, un comportement, une façon de voir les choses…

Ex. Il y a quelque chose de romantique dans l’univers tourmenté de ce cinéaste / Il se perd dans des rêves d’amour romantique / Ce dîner aux chandelles m’a paru très romantique…