Option et Spécialité Théâtre

Terminale spécialité théâtre - Restitution du travail sur la femme dans les comédies de Molière au théâtre de Privas - vendredi 3 juin 2022

Par THIERRY JALLET, publié le jeudi 9 juin 2022 15:46 - Mis à jour le mardi 14 juin 2022 22:07
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Le vendredi 3 juin, les élèves de Terminale spécialité théâtre ont présenté sur la scène du théâtre de Privas le travail conduit en partenariat avec lui, abordant la question de la femme dans les comédies de Molière, avec Maïa Jarville.

 

 

Voici la note d'intention rédigée conjointement par les élèves du groupe (Lilou, Lucas B, Mila, Sakina, Gabin, Lucas H-A, Louisa, Armelle, Thaï et Camille), juste avant la présentation du travail à l'épreuve orale du baccalauréat et de la restitution en public sur la scène du théâtre de Privas.

 

« On veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule »

Molière, préface de Tartuffe (1669)

 

En cette année anniversaire de la naissance de l’auteur, c’est avec beaucoup de joie que nous avons travaillé et redécouvert trois pièces de Molière comme l’a proposé le programme de l’année de Terminale en spécialité théâtre : L’École des femmes (1662), L’Amour médecin (1665) et Tartuffe (dans la version de 1669). Deux de ses grandes comédies et une courte comédie-ballet. Ne pouvant tout travailler, nous avons conçu un montage utilisant des fragments des trois textes en essayant à la fois de faire apparaître des transitions d’une pièce à l’autre et de faire sentir les liens qui les unissent, en essayant de préserver chaque fable intacte. Nous avons également veillé à satisfaire chaque élève du groupe en distribuant les rôles suivant les envies des uns et des autres, pour des rôles masculins ou féminins indifféremment. Le choix d’une scénographie très simple mais quelque peu différenciée pour chacune des trois pièces s’est vite imposé. Et la musique comme le chant sont là pour faire apparaître de façon plus nette la démarcation entre elles s’enchaînant dans l’ordre chronologique de leurs parutions.

En outre, il nous a semblé important d’être tous présents sur scène, le plus possible durant  le déroulement du spectacle, au fil des textes du montage. Parce qu’il s’agit d’être à la fois spectateurs de notre propre projet théâtral et observateurs d’aujourd’hui sur des comédies passées qui croisent l’actualité de notre XXIème siècle.

Molière s’interroge sur la place de la femme et notamment de la jeune fille dont le sort dépend des hommes qui l’entourent – les pères bien sûr, les amants aussi – et qui ne sont pas toujours bien intentionnés à son égard. Enfermée dans un statut d’éternelle mineure, elle a souvent besoin de l’aide de sa servante usant de son expérience, de son bon sens et même de sa malice, quand elle ne s’est pas émancipée elle-même en se confrontant au monde extérieur. Tout cela contre des hommes dominateurs mais crédules.

La vision de la relation homme/femme est donc loin d’être idéalisée mais reste terne dans la réalité sociologique du XVIIème siècle : l’homme n’a pas à écouter, à comprendre, à accepter, à aimer, il possède et cela suffit très souvent. De là, naît souvent le comique mais aussi une méditation qui finit par traverser le temps jusqu’à nous. Sans pour autant faire preuve d’un féminisme contemporain, Molière révèle en effet dans la langue de son époque étonnamment moderne, cette oppression abstraite exercée par la phallocratie dont il se joue en la tournant en ridicule, la faisant céder devant la plus grande lucidité de ses personnages féminins, comme les jeunes Agnès, Lucinde ou Mariane mais aussi Elmire, Dorine ou Lisette. Sans militantisme affirmé ni méchanceté gratuite, juste pour rire – ce qui n’exclut jamais totalement la réflexion.

Le groupe de Terminale spécialité théâtre 2021-2022