Voici la note d'intention rédigée collectivement par plusieurs élèves du groupe : 

Pour ce premier projet en classe de Terminale, Le Soulier de satin était un défi d’envergure. De prime abord, il semblait bien difficile de parvenir à une mise en scène aboutie et de plus, en un temps si court. Le sujet peut paraître simple pourtant : deux âmes se vouent un amour passionnel mais cet amour est rendu impossible dans la réalité. De là, le vide que ces âmes en peine ne combleront jamais autrement qu'avec l'ombre lointaine de l'autre. Il reste que la pièce est « un monstre » - un mot que nous avons souvent employé au fil de notre travail. Et ce monstre a de multiples visages tournés dans différentes directions : tantôt vers la vie de l’auteur qui rejaillit à travers ses personnages, tantôt vers des références à Shakespeare, à Homère ou encore à Rimbaud. De ce foisonnement, nous avons essayé de rendre compte, en repensant le texte dans ses enjeux actuels pour nous. 

Notre scénographie est, en quelque sorte, représentative d’une esthétique du dénuement. En effet, le décor reste minimaliste, avec quelques chaises et deux tables, et le nombre d’accessoires demeure également très limité. Nous ne portons pas non plus de costume et ce choix s’explique principalement par une volonté affirmée de briser le « quatrième mur » : ainsi, le public peut assister à la fabrication du théâtre qui, sans artifice, se déroule presque de bout en bout sous ses yeux..

Un autre des aspects de notre travail prend également le chemin de la langue claudélienne, particulièrement fine et lyrique : le style d’écriture de Paul Claudel témoigne, effectivement de l’utilisation d’un langage très sophistiqué, liée à la fois à l’époque du début du XX^ème siècle et à la grande culture de l’auteur. Par conséquent, les coupes que nous avons effectuées préservent la richesse d’une expression éminemment poétique. Nous avons tout naturellement porté une attention toute particulière à la diction qui s’est largement associée à celle accordée habituellement à la justesse de l’intention, car il ne nous a pas semblé possible de jouer Le Soulier de satin sans tenir compte de la force des mots de l’auteur.

Sur les deux côtés de la scène se trouvent deux bureaux où prennent place des souffleurs. Tour à tour, les élèves assurent cette fonction pleinement intégrée à la mise en scène. Ce choix délibéré assure à chacun, à chacune qu’en cas de difficulté ou d’absence d’un d’entre nous, notamment en raison de ce que nous traversons tous depuis deux ans, l’intégralité d’Un Soulier – le nôtre – peut être présentée. Et cela nous tient beaucoup à cœur.

     Le groupe de Terminale spécialité théâtre du lycée Vincent d’Indy 2021-2022

avec Lilou, Lucas, Clémentine, Mila, Sakina, Gabin, Lucas, Louisa, Armelle, Thaï, Camille